mercredi 28 décembre 2011

The Iron Mask 1929

Le Masque de fer
Un film d'Allan Dwan avec Douglas Fairbanks, Marguerite De La Motte, Léon Bary et Nigel de Brulier

La reine Anne d'Autriche (B. Bennett) donne naissance à deux fils. Le deuxième est immédiatement dissimulé et envoyé en Espagne. Suite à cette naissance, Constance Bonacieux (M. De La Motte) est assassinée par Milady (Dorothy Revier). Sur son lit de mort, le cardinal de Richelieu (N. de Brulier) lui confie à D'Artagnan le jeune dauphin Louis...

Cette production de 1929 est le dernier film muet de Douglas Faibanks. (Il contient aussi deux courtes séquences parlantes.) C'est vraiment la fin d'une époque. Fairbanks endosse pour la dernière fois le costume de D'Artagnan et nous emmène dans une aventure inspirée à la fois de la triologie des Mousquetaires et du Masque de fer. Probablement piqué au vif par certaines critiques concernant son précédent opus, Fairbanks embauche un consultant historique de choix pour les costumes et les décors : l'illustrateur Maurice Leloir. Il gratifie même son consultant d'un carton entier au générique pour le remercier. Maurice Leloir va partir cinq mois à Hollywood pour participer activement au tournage du film. A son retour, il écrira un délicieux ouvrage relatant son expérience hollywoodienne avec de superbes dessins qui montrent son humour et son talent d'observation. Il est fasciné par le travail remarquable des décorateurs et techniciens sur le tournage. Il faut dire que Fairbanks voit les choses en grand. Le générique recense les plus grands talents de l'époque: Carl Oscar Borg, Ben Carré, Lawrence Irving. On reconstruit un chateau de Saint-Germain-en-Laye tel qu'il existait lors de la naissance de Louis XIV et des petites rues du vieux Saint-Germain plus vraies que nature. Leloir croque tout cela avec avidité, admirant comment les artisans du studio arrivent à recréer un carrosse en deux temps trois mouvements à partir de ses dessins.
Il dessine lui-même les costumes sous forme d'aquarelles qui sont exécutés par Gilbert Clark et ses assistants avec fidélité. Les lourds tissus de laine sont souvent très désagréables à porter pour les acteurs. Il n'est pas rare de voir certains des principaux acteurs relever leurs longues jupes pour avoir un peu d'air frais sous le soleil de plomb de la Californie. Ce qui donne ce délicieux croquis :
Leloir observe les figurants, tous habillés de pied en cap en costumes XVIIème, qui se rendent au drugstore du coin pour déjeuner. Cela donne une ligne de figurants le long du comptoir:
Son récit montre une organisation sans faille au sein de l'unité de production de Fairbanks. Chacun est conscient de son rôle et est prêt à tous les efforts nécessaires pour que le film soit le meilleur possible. Leloir est aussi chargé de donner quelques leçons de maintien aux figurants pour leur apprendre à se mouvoir dans leurs costumes. Il participe avec le réalisateur à la sélection de ceux-ci. Il a donc accès à tous les phases de préparation du film. Il doit parfois faire des concessions à la véracité historique. Fred Cavens, le maître d'armes de Fairbanks, lui fait remarquer que si les épées sont équipées de coquilles (qui n'existaient pas à l'époque) c'est pour eviter les blessures aux mains qui ne sont pas rares. 
Fairbanks réalise encore quelques cascades remarquables comme lorsqu'il escalade un arbre pour atteindre la fenêtre de la pièce où Constance est retenue prisonnière. Il est accueilli par une Milady féroce qui le menace d'un poignard. Il tombe du rebord de la fenêtre, mais sa chute est amortie par ses trois compagnons mousquetaires. Le film se termine sur une note sombre avec la mort successive de Porthos, Aramis, Athos et de D'Artagnan. C'est la première fois qu'un film de Fairbanks le montre mort à la fin. Peut-être a-t-il senti que son heure de gloire touchait à sa fin avec l'arrivée du parlant, qui sait ? En tout cas, ce merveilleux livre d'images permet de se replonger dans l'univers de Dumas comme si nous étions dans une machine à remonter le temps. Le DVD Kino offre une superbe copie avec une partition orchestrale du formidable Carl Davis. Un Fairbanks plein d'humour et de nostalgie.

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